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Ecrire de plaisir
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31 octobre 2009

cette nuit, la fête !


Cette nuit, ce n'est pas Halloween que je fêterai, même si les enfants qui frapperont éventuellement à ma porte recevront leur lot de bonbons. Ce sera la fête de tous ceux qui sont déjà sur l'autre rive, et notre fête aussi, à chacun de nous puisque nous sommes tous des saints en devenir. Alors bonne fête à tous et à toutes. Pour vous, cette petite histoire écrite de retour de ma librairie favorite !

Halloween, c’est bientôt Halloween, qui n’a pas sa sorcière, son squelette, sa citrouille grimaçante ... Et qui sait encore d’où vient cette “tradition” qui ne nous appartient pas, et dont les marchands se sont emparée pour tenter de nous l'imposer ?

180px_Halloween

Et bien moi je peux vous le dire, car j’étais là... Oui, oui, j’étais là...

Ceci se passait au tout début  de l’humanité, alors qu’il n’existait qu’un seul peuple sur la terre. A l’approche de ce mois de novembre, c’était la désolation. Les récoltes avaient été maigres comme jamais, et un froid épouvantable sévissait, le gel finissant de tuer le peu qui avait été péniblement engrangé. Chaque jour les réserves de nourriture diminuaient, de plus en plus de gens mouraient de faim ou de froid.
Une nuit, finalement, il n’en resta plus qu’une misérable poignée. Le plus jeune était un garçon de 11 ans nommé Manuel. Sa grand-mère, le tout dernier membre de sa famille, était morte deux jours auparavant.

Cette nuit là, la lune était pleine. Toute ronde, d’un tendre orangé, presque comme un fruit. Et Manuel, en la contemplant, se mit à pleurer. Si seulement c’était un fruit véritable, que lui et ses pauvres compagnons puissent s’en nourrir et survivre !

Emue de sa détresse, la lune se mit à pleurer elle aussi, et par la grâce du Créateur ses larmes, en touchant la terre, devinrent des graines, dont surgirent immédiatement d’énormes boules oranges. Manuel sut instinctivement qu’elles étaient comestibles. Mais ni lui, ni les autres survivants n’avaient la force de se lever pour les ramasser. Aussi, en désespoir de cause, le garçon appela-t-il sa grand-mère à l’aide.

Et le Créateur se laissa fléchir. Il ouvrit les portes séparant le ciel et la terre. La vieille femme et tous les habitants morts du village revinrent et firent la récolte. Puis ils allumèrent un feu et y firent cuire des soupes, des purées, des tartes, dont ils nourrirent le petit reste des villageois. Ayant retrouvé leurs forces, ceux-ci se mirent à danser et à chanter leur reconnaissance au Créateur et à leur aînés qui leur avaient rendu la vie. Ils allumèrent un grand feu de joie et brûlèrent les reliefs du repas en offrande. Ils jurèrent solennellement de se retrouver chaque année à la même époque pour un festin et une fête d’action de grâces, à laquelle ils conviaient de bon cœur leurs défunts si le Créateur le leur permettait. Celui-ci accepta, et conseilla aux villageois d’allumer chaque année un nouveau feu avec les brandons de l’ancien avant l’ouverture des portes du ciel et de la terre.

“Il guidera vos morts vers vous, et effrayera les esprits mauvais qui pourraient vouloir troubler la fête”.

Instruits par cette dure leçon de solidarité, les villageois promirent en outre de toujours mettre en commun toutes leurs ressources, et de ne jamais laisser personne démuni, que la récolte soit bonne ou non. Puis, après avoir reçu de la grand-mère de Manuel le nom de ce légume divin et les instructions permettant de le cultiver, chacun s’en retourna, les défunts vers leur royaume, et les vivants vers leur foyer, chargés chacun d’une braise du feu de joie et d’une poignée de graines qui seraient plantées à l’époque prescrite.

180px_Pumpkins_Field

Hélas, comme toujours, les âges passant, les générations se succédant, la prospérité revenue, la générosité s’étiola ; le récit du sauvetage miraculeux, perdant l’un après l’autre ses témoins directs, bascula peu à peu dans les légendes tout juste bonnes pour les bébés, les femmes et les vieillards. Le festin annuel fut trouvé trop onéreux, et inutile puisque la raison en était désormais inconnue. Le feu fut jugé dangereux. Les morts ne purent plus retrouver le chemin des cœurs, et les portes entre le ciel et la terre demeurèrent désormais fermées.

Les richesses s’accumulaient, et avec elles naquirent la convoitise, la crainte, et la rapacité. On ne partagea plus. Celui qui avait, gardait. Tant pis pour celui qui n’avait pas.  Et la mauvaise conscience aidant, on se mit à redouter l’approche de la date fatidique, les morts, leur retour potentiel, leur vengeance peut-être, on imagina les esprits malfaisants lâchés sur terre et profitant de cette nuit pour s’attaquer aux humains.

Cette belle célébration de retour à la vie devint une nuit de hantise et de terreur.

Puis vinrent les marchands sans scrupules et sans imagination autre que celle du profit, qui détournèrent l’occasion à leur avantage. Depuis, les humains se rassurent à peu de frais en se moquant de leurs angoisses. Ils se déguisent en sorcières, en fantômes, en squelettes, ils en mangent sous forme de friandises, et disposent dans leur maison ou à leur fenêtre, sans plus savoir pourquoi, des potirons évidés en un menaçant rictus de flamme. Et puis ils font “la fête”, en buvant, festoyant, et faisant beaucoup de bruit pour écarter les esprits, tout en tremblant intérieurement, comme des enfants coupables.

Mais vous, chers enfants, n’ayez pas peur. D’ailleurs vous le savez bien, vous n’avez nul besoin de potiron souriant ni de feu pour vous protéger, en cette nuit du 31 octobre au 1er novembre, car cette date marque tout simplement la grande fête de tous ceux que nous avons aimés et qui sont déjà auprès du Créateur. Ils ne vous veulent aucun mal, au contraire, s’ils pensent toujours à vous, c’est avec affection et tendresse, et en vous confiant à l’amour du Dieu qui les a accueillis dans sa merveilleuse lumière éternelle, en attendant que vous les rejoigniez, lorsque votre moment sera venu, pour la fête qui ne finira jamais.

Alors, si vous le pouvez, allumez, vous aussi, des bougies en cette nuit et envoyez à tous les “saints” de votre famille une pensée d’amour, je suis sûre qu’ils feront de même pour vous. Et ils seront heureux de savoir que vous non plus, vous ne les oubliez pas.

Quand à moi, je vous remercie de m’avoir écoutée. Il était important que la vérité soit rétablie. Mais je ne peux m’attarder davantage :  Manuel m’attend.

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(Merci au blog voldemots.blogspot.com sur lequel j'ai trouvé ce magnifique feu de joie)


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  • parce que j'aime lire et écrire et que, comme je l'ai découvert grâce aux ateliers d'écriture, c'est plus drôle à plusieurs. Parce que c'est passionnant de partager ce que l'on aime (ou pas) avec d'autres et de créer ainsi des liens.
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