Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ecrire de plaisir
Ecrire de plaisir
Archives
30 octobre 2009

Yves, Catherine et Mozart

     Il me semble bien ne pas avoir signalé dans le billet précédent que la jolie comptine sur la coccinelle sur les fleurs du dessus de lit avait pour auteur youkali. Je lui dois un double remerciement, car sans cet oubli, je n'aurais pas cherché un joli texte sur les coccinelles pour accompagner ma rectification, et je n'aurais pas fait la connaissance d'Yves Heurté, médecin de montagne, poète, écrivain, homme de théâtre, dont je vous invite vivement à aller visiter le site http://yves.heurte.free.fr. Yves Heurté est, malheureusement pour nous tous, décédé en février 2006 d'un accident cardio-vasculaire. Mais pour vous donner envie d'en savoir davantage sur son oeuvre magnifique, voici un très beau conte, qui m'a également fait penser à Christian Bobin, lui qui aime tant la musique de Mozart.

La Coccinelle

Sur la colline de Prague un jardin, et au bout du jardin, une maison assez cossue. Dans la maison une chambre: celle de Mozart. Et quoi dans la chambre?
Un orchestre de chambre, bien entendu.
Sur la colline, un jardin, et dans l'herbe du jardin une coccinelle, dite bête à Bon Dieu, qui vaque en paix à son safari de pucerons.
Sur la même colline, dans le même jardin donc, une coccinelle et une toute petite fille qui la regarde et la prend entre ses mains et joue avec elle et se met à pleurer comme un requiem quand son vieux poète lui dit que c'est l'heure d'aller dans la chambre de Mozart écouter un orchestre de chambre jouer Mozart.
Assise dans l'herbe de la colline, une toute petite fille qui se moque bien de Mozart, de ses trios, quatuors, messe en si ou en ré, et qui n'entrera dans la chambre écouter l'orchestre de chambre que si on lui laisse SA coccinelle.
Entrée donc, avec la bestiole au bout du doigt et son drôle de vieux zigoto de poète qui suit, résigné et honteux, et voilà qu'on les assied, horreur, au premier rang, juste sous le nez des musiciens. Dès que le violon attaque, la coccinelle s'envole, fait un tour de reconnaissance autour du quatuor et vient se poser sur le genou du vieux zigoto. La petite fille émerveillée lui fait remarquer cet atterrissage, avec interdiction bien sûr de toucher à sa bestiole. Enfin le violoncelle démarre l'andante con moto et ma foi, la coccinelle a l'air de se sentir si bien. Cette musique lui rappelle le temps lointain où un certain petit Amadeus, dans le même jardin, prenait son arrière arrière arrière-grand-mère de bête à Bon Dieu sur son doigt et l'y berçait en jouant une sonate de son invention...

La petite fille surveille l'irrésistible montée de sa bestiole, de plus en plus entreprenante, vers le veston puis sur l'épaule, puis traversée de la barbe puis rodéo sur le terrain vague du crâne. On touche pas à ma bête à bon Dieu!
Largo. Va s'envoler ou pas? S'envole pas. Allegro. En stationnement.
Andantino. Gratte à peine de la patte... La petite fille s'amuse comme une folle avec son poète qui fait celui qui ne sait pas que son amie est juchée sur sa vieille clairière, là haut.
Scherzo et final :
Dans un coin, discrètement appuyé sur sa statue, il y a le petit Amadeus Mozart que personne n'avait vu. Il n'écoute même plus son concert mais se pose de graves questions sur l'avenir de la coccinelle.


Publicité
Commentaires
Ecrire de plaisir
  • parce que j'aime lire et écrire et que, comme je l'ai découvert grâce aux ateliers d'écriture, c'est plus drôle à plusieurs. Parce que c'est passionnant de partager ce que l'on aime (ou pas) avec d'autres et de créer ainsi des liens.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Publicité