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Ecrire de plaisir
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8 avril 2010

Fusion

A la fois une grande joie et une déception hier. Je zappe pour trouver la chaîne de télévision que je veux regarder et je tombe sur une émission de Jean-Luc Delarue que, d'habitude, je ne regarde pas. Mais là, cet homme mince aux traits anguleux, il me semble le reconnaître... du coup je reste et effectivement c'est Patrick Dupont, l'un de mes danseurs préférés, qui parle de son retour à la scène après son terrible accident de voiture, avec une danseuse orientale du nom de Leïla della Rocha et un spectacle mêlant l'Orient et l'Occident, nommé "Fusion", qui doit, dit-il, faire une tournée à travers la France puis à l'étranger. Toute contente, je cherche sur internet les dates qui pourraient me permettre d'aller voir ce spectacle, et je vois qu'apparemment il est déjà passé dans plusieurs villes car l'émission datait de l'an dernier ! Je suis très déçue, mais j'espère qu'il reviendra sur une scène ou que, au moins, un DVD en aura été réalisé. C'est beaucoup moins bien que le spectacle dans la salle mais c'est mieux que rien. Mais cela m'a rappelé un texte fait en atelier d'écriture sur une "rencontre" improbable et déterminante, entre deux personnages totalement opposés. J'avais choisi un homme très négatif et pessimiste, "traîné" par son épouse à un spectacle de danse classique (avec Patrick Dupont, évidemment !).

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La salle bruisse de chuchotements, frôlements des gens qui gagnent leur place, se mettent à l’aise, discutent à voix basse en attendant le lever de rideau. Lui est assis près de son épouse, tassé dans son fauteuil, déjà courroucé de s’être laissé traîner là, déjà résigné à s’ennuyer, à rentrer tard, la tête vrillée par la migraine et le dos meurtri par les genoux du spectateur derrière lui. L’ouverture du ballet s’achève, le rideau se lève. En un bond prodigieux le danseur jaillit des coulisses, retombe aussi léger qu’un flocon de neige, et aussi silencieux malgré la scène faite de bois, et se lance dans une variation ahurissante d’agilité et de beauté, bientôt rejoint par une partenaire puis plusieurs groupes, mais seul le danseur retient l’attention du spectateur renfrogné. Il contemple, et ne comprend pas. Comment peut-on être à la fois aussi aérien et aussi puissant, aussi rapide et aussi fluide, sans trébucher, tomber ni même vaciller ? lui dont l’imperfection humaine est le credo, la lourdeur, la bêtise, la part d’ombre de l’âme humaine la réalité quotidienne, reste stupéfait de voir un être comme lui, un homme qui plus est, habité par une telle lumière, soulevé par une telle passion qui irradie du moindre mouvement et éclate dans son regard, à la fois concentré et brillant d’une joie quasi sauvage. Il a oublié le fauteuil trop dur, les coups dans les reins, les toussotements et bruits divers. Il ne voit plus la belle partenaire, ni le corps de ballet, seul importe ce corps qui tourne, glisse, bondit, ploie et s écartèle en riant comme s’il avait transcendé toutes ses limites, et qui l’emmène avec lui à la découverte éblouissante d’un monde où l’on échappe enfin à la malédiction d’exister.

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  • parce que j'aime lire et écrire et que, comme je l'ai découvert grâce aux ateliers d'écriture, c'est plus drôle à plusieurs. Parce que c'est passionnant de partager ce que l'on aime (ou pas) avec d'autres et de créer ainsi des liens.
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