écrits vains

Nous avons renoué cette semaine avec l'atelier d'écriture. Consigne de l'un des exercices : tirer en aveugle dans une enveloppe bleue une phrase qui constituerait le départ d'un texte. Et dans une enveloppe rouge une autre phrase qui serait la phrase finale. J'ai tiré

"Or, il s'est accroupi, frileux"

et  "comme le tourbillon du passé qui s'en va"

Voici ce que j'en ai tiré. Si le coeur vous en dit, envoyez moi ce que vous auront inspiré ces phrases ?

Or il s'est accroupi, frileux, collé au feu presque à y basculer, insoucieux du brouhaha de la salle, des allées et venues des serveuses, même des odeurs alléchantes qui commencent à assaillir ses narines et faire grogner son estomac. Pour l'instant il veut juste se laisser envahir par la douce chaleur qui décrispe ses muscles, apaise ses tremblements et ressuscite des souvenirs depuis longtemps pourtant farouchement enfouis au plus profond de sa mémoire : l'immense salle à manger familiale, le crépitement du feu, son père et son grand père silencieux dans leurs fauteuils rembourrés à haut dossier, un demi-sourire de plaisir aux lèvres, faisant lentement tourner entre leurs doigts un petit verre dont le liquide ambré accroche par instant la lueur des flammes ; le doux ronron des conversations des femmes traversé brusquement d'éclats de rire ; les enfants se livrant à des jeux mystérieux sur le tapis ; et lui, debout, adossé au mur près de la porte, ne perdant pas un seul des gestes d'Elisabeth.
Elisabeth...
Un frisson le secoue, qui n'est pas de froid. Vivement il tire de sa poche un papier plié graisseux, noirci, chiffonné, déchiré par endroits et après l'avoir serré une seconde si fort que ses ongles rentraient dans sa paume, le jette dans le feu. Puis l'homme reste là, main ouverte en suspens, fixant sans vraiment les voir les flammes qui se tordent, s'enroulent et spiralent comme les tourbillons du passé qui s'en va.

Et puis histoire de terminer sur une note un peu plus gaie, car bien que les sept personnes de l'atelier aient tiré, évidemment, des phrases totalement différentes, les textes étaient tous à tonalité mélancolique voire triste, voici ce qu'a donné pour moi la deuxième consigne du jour : « Le radio réveil indiquait trois heures et demi…  continuer"

Le radio-réveil indiquait trois heures et demie. Sur la bande dessinée, Spif le spationaute achevait d’éliminer une horde de hideux ennemis en lançant son cri de victoire. Sous la bande dessinée, Riton ronflait doucement. Il avait décidé, après avoir remporté sa propre victoire sur un problème de maths particulièrement ardu, de s’octroyer une petite récréation avec son héros favori, « 10 minutes pas plus et après, je m’attaque à la rédac' ». Mais les 10 minutes étaient écoulées depuis longtemps. Il est vrai que dans les rêves comme dans les BD le temps n’est pas celui de la réalité, malheureusement c’est pratiquement toujours la réalité qui a le fin mot, et l’apocalypse  s’abattit sur Riton, Spif, les quelques rares ennemis pas encore tout à fait morts et le silence honteusement complice, en la personne de madame mère, brandissant son carnet de rendez-vous et hurlant, furieuse : « Alors c’est ça les devoirs, c’est du propre, j’aurais dû m’en douter, pas de musique, pas de raclement de chaise ou de bruit de tiroir, pas de déplacements répétés à la cuisine, ça n’était pas normal ! De ton frère j’aurais compris mais avec toi silence ne veut jamais dire sagesse. Et bien tant pis pour toi ! Il est 4h15, tu as 5 minutes pour te préparer, il n'est pas question que nous soyons en retard chez le médecin, allez ouste, tu n’auras qu’à demander à ton canardeur cosmique de t’aider pour ta rédaction ! »

Vlam ! La porte claquée laissa à nouveau place au silence. Riton regretta, une fois de plus, que Spif ne soit qu’un personnage de bande dessinée et le désintégrateur une arme de papier.

Comments

[champagne]

d'écriture et de hasard...
pas simple.

[Monelle]

Eh bé !! pour une reprise, c'est réussi !
Je vais essayé de faire le premier sujet... pas gagné d'avance !
Bonne journée
Bisous - Monelle

[Philippe D]

Merci pour ton passage chez moi et ton com.
Pas toujours faciles les consignes données. Je trouve que tu t'es très bien débrouillée. Pas le temps d'essayer.
J'aurais eu du mal, je crois avec le premier texte. Difficile déjà de commencer par "Or" qui est un mot de liaison qui ici ne relie rien. Jolie la phrase finale mais pas facile à intégrer.
Bravo donc.