du bleu dans le gris

Quatre jours déjà que je n'ai rien fait ici. Après des fêtes paisibles et chaleureuses qui ont rompu agréablement le quotidien la mécanique s'est grippée, j'ai du mal à tout faire repartir, je ne sais pas pourquoi. Pas envie de faire quoi que ce soit, pas d'idée, même pour ce blog que j'aime bien, pas franchement d'énergie. Grise et brouillardeuse comme le temps. J'espère que l'atelier d'écriture, qui reprend cet après-midi, va dérouiller un peu mes neurones et me redonner du "peps". En attendant, j'ai trouvé, ou plutôt "il m'a été offert", alors que je cherchais vaguement quelque chose qui me plaise pour vous le poster, ce passage des "Contemplations" de Victor Hugo (comme quoi, toute révérence gardée, "c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes" !!). Sans doute certaines expressions sont-elles un peu "pompier" et grandiloquentes, mais des vers tels que
"Et sur l'homme emporté par mille essors farouches
Tisser avec des fils d'harmonie et de jour,
Pour prendre  tous les coeurs, l'immense toile Amour"

me réjouissent profondément. Voici donc le passage dans son intégralité.

"Quand, aux jours où la terre entr'ouvrait sa corolle,
Le premier homme dit la première parole,
Le mot né de sa lèvre et que tout entendit
Rencontra dans les cieux la lumière et lui dit :
"Ma soeur ! Envole-toi ! Plane ! Sois éternelle !
Allume l'astre ! Emplis à jamais la prunelle !
Echauffe éthers, azurs, sphères, globes ardents ;
Eclaire le dehors, j'éclaire le dedans.
Tu vas être une vie et je vais être l'autre.
Sois la langue de feu ma soeur, je suis l'apôtre
(...)
A toi les yeux, à moi les fronts, ô ma soeur blonde.
Sous le réseau clarté tu vas saisir le monde ;
Avec tes rayons d'or tu vas lier entre eux
Les terres, les soleils, les fleurs, les mots vitreux,
Les champs, les cieux, et moi je vais lier les bouches
Et sur l'homme, emporté par mille essors farouches,
Tisser avec des fils d'harmonie et de jour,
Pour prendre  tous les coeurs, l'immense toile Amour
J'existais avant l'âme, Adam n'est pas mon père.
J'étais même avant toi : tu n'aurais pu, lumière,
Sortir sans moi du gouffre où tout rampe enchaîné.
Mon nom est FIAT LUX, et je suis ton aîné.
(...)

Voilà, encore une fois, grâce à ce blog et à vous tous, invisibles mais précieux, qui y jetez parfois un oeil, la couleur de ma journée vient de passer du gris maussade à un bleu tendre. Un grand Merci. Vous êtes donc mon cadeau du jour puisque c'est en pensant à vous que je cherchais un texte et que Victor Hugo s'est rappelé à mon bon souvenir. Je vais être gourmande et dire que vous êtes mon "premier" cadeau du jour. C'est un jeu auquel mes soeurs ont décidé de se livrer cette année : décider que chaque jour, l'univers, la vie, Dieu ou quel que soit le nom qu'on lui donne dans le secret de son coeur, leur a réservé au moins un cadeau, et rester en alerte pour ne pas le manquer. Ce peut-être une chouette qui nous salue alors qu'on se glisse dehors dans le matin froid encore sombre, ce peut-être, comme cela m'est arrivé il y a quelques semaines, un rayon du soleil levant qui illumine soudain brièvement comme une torche l'abribus où l'on vient de s'asseoir, une unique fleur qui perce de sa grâce le béton qu'on parcourt à marche forcée, le nez au sol, en grommelant intérieurement contre le travail qui nous oblige à quitter si tôt la maison si douillette, ce peut-être un sourire ou une amabilité totalement inattendue  d'un(e) inconnu(e) dans le bus, dans la queue devant les guichets, dans un magasin, voire au bureau, ce peut-être n'importe quoi en fait, visible et évident ou infime et sans intérêt sauf pour nous mais ça nous fait plaisir,  ça nous fait sourire voire rire, ça réconcilie avec "les gens", ça nous console, ça nous encourage, bref, un cadeau, un vrai, car gratuit et inattendu. Et  le plus beau c'est que si on se met en mode "réception et gratitude",  on en repère et reçoit de plus en plus. C'est ce que je vous souhaite. En tout cas moi je vais continuer à jouer puisque ce matin,  alors que je n'étais franchement pas dans ce mode joyeux, j'en ai déjà eu un ! Je vous parlerai de temps à autre de ce que j'aurais reçu, faites de même avec moi si vous voulez bien, pour une fois, répandons une autre contagion que celle du "je m'en foutisme" ou du "tout va mal et ça va empirer" !
Magnifique journée à chacune et chacun.

Comments

[Monelle]

Pour moi, ce matin, mon cadeau sera une couronne de "Reine" !!! et ne rien faire, parfois, fait beaucoup de bien !
Gros bisous
Monelle

[PierreDelphin]

Demain je prends le train. en pensant à la fin de ton mot, je sourirais à une personne, comme ça pour rien. Oh si pour qu'elle me prête aussi un sourire.
Merci pour VH
Il faut parfois savoir rester sans rien faire. C'est un travail délicat, duquel on ne doit pas se laisser détourner. Il faut savoir rien faire avec application.
Belle journée,
Pierre