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Ecrire de plaisir
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5 mai 2010

Libération

C'est lourd un corps. Indépendamment du nombre de kilogs qu'il transbahute, c'est lourd, ça pèse, ça colle au sol, ça se fige même en marchant, ça craque de partout. Et puis il y a la tête. Ça travaille là-dedans, constamment, ça discute, ça parlote, ça raisonne, ça fait des commentaires, on voudrait trouver le bouton pour faire taire tout ça mais il n'y en a pas, même quand on tente de se mettre en mode silence, il y a toujours ces petites voix grinçantes, pépiantes, caquetantes, grignotantes comme une armée de souris dans les cloisons du cerveau. On marche, on bouge, on sort, on circule, faut bien, il y a des gens à voir, des courses à faire, des lettres à poster, des réunions, des amis aussi, la famille, ça c'est pas mal, enfin la plupart du temps, il y a tout de même des moments où on se sent décalée, pas franchement là, pas "dedans", en train de se regarder et de se juger et de constater - ou d'imaginer mais le résultat est le même - que les autres aussi vous regardent et vous jugent, eux qui sont plus beaux, plus souples, plus grands, mieux adaptés, qui savent, qui... et merde, quand est-ce qu'on arrête ?! Et puis un jour il y a un stage de contes, et on se force, la petite pas trop grosse mais quand même pas bien dans sa peau, à se mettre en danger en faisant devant d'autres des trucs qu'on n'aurait jamais imaginés, émettre des sons sans signification, gesticuler, chanter, parler, avec toujours la voix intérieure qui ricane "tu t'es regardée ? A ton âge ? T'as vraiment pas peur du ridicule ! D'abord tu ne sais pas faire, elles, elles savent, elles sont douées, même quand elles font les idiotes c'est drôle, toi c'est juste c..., laisse tomber !" Mais on tient. Et ça va de mieux en mieux. Mais tout de même, on se sent toujours décalée, artificiellement incluse dans le cercle mais en fait toujours à l'extérieur, et les pieds vissés au sol. Et ça ne console en rien de voir que certains nouveaux ont l'air encore plus pesants, coincés, vissés, que nous. Et puis il y a une invitation à un festival de jeux psychologiques. Et là, le tout pour le tout : on décide de ne participer pratiquement qu'à des ateliers de mouvement, de respiration, de libération d'énergie, attention les dégâts...et à part un ou deux couacs, dont curieusement on  réalise tout de suite d'où ça vient et que c'est un piège trop familier dans lequel surtout ne pas tomber, on va de miracle en miracle : ça glisse, ça coule, ça sort librement, on bouge, on se livre et se délivre, on s'amuse, on n'a pas peur de quoi que ce soit, et de retour à la maison ça continue. Et en plus on a envie d'en parler, pour que les autres coincés décalés rejetés, que ce soit réel ou non, puissent eux aussi connaître cette libération et cette joie. Il y aura des retours en arrière, sans doute, mais les avancées sont là, ça va mieux, bien mieux et même si on se décale encore et on ricane, JE m'en fiche, moi je bouge, je danse, je m'en donne le droit, et j'ai bien l'intention dorénavant de m'amuser avec moi-même, ça sera sûrement aussi beaucoup plus amusant pour les autres !



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  • parce que j'aime lire et écrire et que, comme je l'ai découvert grâce aux ateliers d'écriture, c'est plus drôle à plusieurs. Parce que c'est passionnant de partager ce que l'on aime (ou pas) avec d'autres et de créer ainsi des liens.
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