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Ecrire de plaisir
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28 mars 2010

Beauté et harmonie, 1

Aujourd’hui pour les Chrétiens c’est la fête que l’on appelle les Rameaux, première étape de la semaine pascale, allusion aux branches d’olivier que la foule se met à agiter spontanément en acclamant Jésus Christ entrant à Jérusalem, comme on célèbre normalement le triomphe d’un roi.
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Quelques jours plus tard, cette même foule hurlera à Pilate de crucifier ce même Jésus et fera libérer un assassin notoire.

Ce contraste entre la beauté, la fête, et le mal, la haine, et le fait que sans l'avoir voulu les lectures que j’ai faites récemment portaient toute ce le thème de l'harmonie et du mal, m’ont donné envie de vous partager ce texte de François Cheng :

« En ces temps de misères omniprésentes, de violences aveugles, de catastrophes naturelles ou écologiques, parler de la beauté pourra paraître incongru, inconvenant, voire provocateur. Presque un scandale. Mais en raison de cela même, on voit qu’à l’opposé du mal, la beauté se situe bien à l’autre bout d’une réalité à laquelle nous avons à faire face. Je suis persuadé que nous avons pour tâche urgente, et permanente, de dévisager les deux mystères qui constituent les extrémités de l’univers vivant. D’un côté le mal, de l’autre la beauté.
Que signifie l’existence de la beauté pour notre propre existence ? Et en face du mal, que signifie la phrase de Dostoievsky « La beauté sauvera le monde » ? Le mal, la beauté, ce sont là les deux défis que nous devons relever (…) ils sont parfois imbriqués. Car il n’est pas jusqu’à la beauté même que le mal ne puisse tourner en instrument de tromperie, de domination ou de mort. Une beauté qui ne serait pas fondée sur le bien est-elle encore « belle » ? Intuitivement nous savons que distinguer la vraie beauté de la fausse partie de notre tâche. Ce qui est en jeu n’est rien moins que la destinée humaine, une destinée qui implique les fondements même de notre liberté »

François Cheng « Cinq méditations sur la beauté » (Albin Michel, 2006)

La beauté, l’harmonie intérieure et extérieure, contre le mal et le crime, sont également les thèmes des romans policiers que j’ai lus ces dernières semaines, avec en prime l’esprit et l’humour... et la personnalité remarquable de leurs auteurs ! Pour ne pas être  trop longue je parlerai de chacun d’eux dans un billet successif.
Aujourd’hui, il s’agira de « Le maître de Feng Shui perd le nord » de Nury Vittachi
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Le Feng shui est un art taoiste visant à harmoniser l'énergie dégagée par l’environnement d'un lieu (le Qi) afin de favoriser la santé, le bien-être et la prospérité de ses occupants. Le monde des affaires, notamment chinois, y a toujours recours aujourd’hui. L'auteur de ce roman (et de deux ou trois autres avec les mêmes héros) est d’origine sri lankaise mais  basé à Hong Kong. Ecrivain publié à peu près partout en Europe, aux Etats-Unis et en Australie, professeur, journaliste, spécialiste du fengshui, fondateur d’un festival international de littérature, ses livres mettent en scène C F Wong, maître de Feng Shui on ne peut plus traditionnel (et lui-même écrivain, à ses heures, d’une œuvre magistrale dont il nous livre de temps à autre un extrait savoureux), flanqué d’une stagiaire « ultra moderne » dont il a le plus grand mal à comprendre et à supporter les manières, les habitudes et la mentalité.
« Il y avait aussi cette épouvantable stagiaire que son plus gros client, monsieur Pun, lui avait imposée depuis quelques semaines. Il n’était pas près d’oublier le moment d’horreur où une jeune mat salleh un peu godiche était apparue dans son bureau, parlant un sous anglais bizarre et incompréhensible : « Mon reup m’a sorti un truc du genre : ‘j’ai un pote, monsieur Pun, qui connaît un vrai maître fengshoo, même que tu pourrais bosser pour lui‘, et moi j’ai fait ‘waou’ lui avait-elle dit »
Joyce Mc Quennie, la stagiaire en question,n’est pas vraiment plus optimiste :
« Elle savait que la plupart des habitants de cette ville ressemblaient (…) à Wong : des chinois silencieux et austères qui buvaient un thé insipide, parlaient par aphorismes incompréhensibles et ne pensaient qu’à leurs affaires tout le temps »
Tous deux  devront pourtant apprendre à travailler ensemble pour démêler les affaires criminelles auxquelles ils sont confrontés car « mourir, c’est très mauvais pour le Feng Shui » !
La drôlerie et l’intérêt du roman naissent justement du choc de ces deux univers aux antipodes l’un de l’autre, mais qui finalement parviennent à s’enrichir l’un l’autre.  Et l’intrigue tient en haleine de bout en bout.  On rit beaucoup, on apprend tout autant, mais on ne s’ennuie pas une seconde !

Demain je vous ferai profiter d’un extrait des « Quelques bribes de sagesse » de C F Wong.

Bon dimanche !

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  • parce que j'aime lire et écrire et que, comme je l'ai découvert grâce aux ateliers d'écriture, c'est plus drôle à plusieurs. Parce que c'est passionnant de partager ce que l'on aime (ou pas) avec d'autres et de créer ainsi des liens.
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