Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ecrire de plaisir
Ecrire de plaisir
Archives
29 janvier 2010

Parole de Gougaud

Voyez comme je suis mauvaise langue ! Hier je vous disais que je ne savais pas si j'aurais accès à un ordinateur pendant mon absence de chez moi, et voilà que j'en trouve un tout prêt à servir dès mon arrivée ! Qu'est ce qu'on dit ? Merci ! Et je m'empresse donc de vous communiquer ce texte d'Henri Gougaud que je trouve magnifique (comme tout ce qu'il fait d'ailleurs) et qui prouve combien les loups en général n'ont pas de rancune... J'ai trouvé ce texte (que je mets non pas dans la catégorie "conte" mais dans "célébrer" car j'aime ltout ce qui célèbre l'harmonie entre l'homme et l'animal, et en plus j'aime particulièrement les loups) sur le site du magazine Nouvelles Clés dans lequel Henri Gougaud écrit une chronique pleine de saveur et de sens. Et je vous mets aussi le site d'Henri Gougaud lui-même au cas où vous souhaiteriez y faire un tour.

L’indien et le loup

Kwesalis était un Indien de l’extrême nord canadien. Selon les gens de son village, c’était un chasseur avisé. Un jour, comme il longeait la côte, il aperçut un loup couché contre un rocher. Il geignait, sa gueule saignait. Kwesalis se pencha sur lui et vit qu’un éclat d’os de daim était planté dans sa mâchoire. Il lui parla à mots tranquilles, il caressa son front, son échine mouillée, puis risqua prudemment sa main entre ses crocs. Il ôta l’os, il murmura :

- Grand frère, ton mal est parti.

Le loup d’un bond se redressa et s’éloigna en trottinant. A quelques saisons de ce jour, au village la variole tua des dizaines de gens.

Kwesalis se trouva malade, couché parmi les moribonds au corps couvert de plaies purulentes, puantes. Il pensa qu’il allait mourir.

C’était un soir, au crépuscule. Il somnolait et gémissait. Il entendit soudain des hurlements de loups qui se rapprochaient des cabanes.

Il en vit deux franchir le seuil, haletants, la gueule fumante. Ils se mirent à baver sur lui, à lécher ses bras, sa poitrine, ses jambes, son visage aussi.

Combien de temps ? Il ne put dire. Le fait est que le lendemain il put se lever et sortir. En quelques jours, il fut guéri. Alors, une nuit, il rêva.

Un chasseur inconnu lui apparut en songe, et cet homme lui dit :

« Le faiseur de chamane est entré dans ton corps. Désormais tu pourras soigner. Tu sauras rattraper les âmes ».

« A mon réveil, dit Kwesalis, je n’avais plus le même esprit. J’étais devenu un chamane. Je n’ai jamais voulu cela, mais c’est ainsi, je n’y peux rien ».

Quand l’ethnologue américain Franz Boas [1] recueillit son témoignage, Kwesalis était encore le plus fameux guérisseur de la côte nord-ouest du Pacifique.

[1] Franz Boas - The religion of Kwakiutl Indians.

© Henri Gougaud

Site : www.henrigougaud.com


Publicité
Commentaires
P
Les loups titillent beaucoup l'imaginaire mais ce sont souvent des animaux méchants qui dévorent les enfants comme dans "Chaperon rouge". Ici on trouve le loup qui paie sa dette, c'est mieux.<br /> Merci de nous raconter des histoires.
Ecrire de plaisir
  • parce que j'aime lire et écrire et que, comme je l'ai découvert grâce aux ateliers d'écriture, c'est plus drôle à plusieurs. Parce que c'est passionnant de partager ce que l'on aime (ou pas) avec d'autres et de créer ainsi des liens.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Publicité