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Ecrire de plaisir
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26 octobre 2009

jus innocent et tasse qui vole

15h. Un beau soleil brille désormais, alors que ce matin le brouillard dissimulait le village de l'autre côté de la route, faisant ressembler à des ovnis les têtes de lampadaires qui en surnageaient. Mais le soleil a percé, et même s'il n'est pas vraiment chaud, c'est franchement agréable. Du coup ça me donne envie de vous parler de jus de fruits. Et pas n'importe lesquels, les smoothies. Vous connaissez sûrement ces jus de fruits qui ne contiennent que du fruit et ni sucre, ni additifs, ni conservateurs etc... Moi j'ai bu mon premier hier et ce ne sera sûrement pas le dernier : c'est un pur délice ! ananas-banane-coco, de la marque "Innocent", née en 1998 au Royaume-Uni. C'est le seul que vendait mon supermarché et c'est bien dommage, j'essaierais volontiers les autres parfums, d'autant que si le concept me plaît déjà (uniquement du jus de fruits et des fruits mixés), j'ai aussi énormément apprécié l'humour des inscriptions sur l'emballage, aussi rafraîchissant que le produit. Ce n'est pas parce qu'on est sérieux qu'il faut être un bonnet de nuit ! Autre bon point, le souci de préserver autant que faire se peut notre terre malmenée. Si vous voulez en savoir plus, allez donc sur www.innocent.fr et/ou rainforest-alliance.fr...et/ou allez vous procurez un smoothie Innocent (vérifiez bien la marque, il existe apparemment des copieurs !) et savourez le ! (je ne touche aucune comm, juré, c'est simplement que je suis très heureuse d'avoir découvert un produit aussi bon en même temps que respectueux de l'environnement ).
Je n'ai pas de texte qui parle de verre ou de jus de fruits, mais  comme il y a  eu cette nuit beaucoup de vent, je terminerai avec une histoire de tasse, qui m'a été inspirée il y a quelques années par une tempête assez violente sur Marseille (une vraie, pas comme cette tempête suscitée hier par l'éternelle imbécilité des hommes. Comme s'il n'y avait pas assez de raison idiote pour se taper dessus, s'affronter pour ce qu'on ose continuer à appeler un "sport" ! Il faudrait peut-être songer à grandir !)

TASSOISEAU...

Ce matin les passants marchent courbés et comme au ralenti, certains s’accrochant parfois de justesse pour ne pas tomber ou être poussés sur la chaussée, les arbres se plient comme sous une violente douleur, les feuilles s’affolent, les tuiles s’envolent ; les fils électriques secoués par la rage du vent vibrent d’un chant menaçant. A la radio un journaliste commente : “Tempête dans le Sud. Des poteaux électriques ont été abattus, des arbres déracinés. A Marseille, les consommateurs ont même dû fuir les terrasses des cafés, les tables se renversaient, les tasses de café s’envolaient...”
Galéjade ? Mais non. On a bien vu ce spectacle insolite : des tasses décollant des tables, petits oiseaux de porcelaine enfin libérés par une grâce inattendue de leur morne service, virevoltant comme les mouettes du port. Et qu’importe si peu après, comme Icare, elles s’abattaient en mille éclats sur le trottoir. Elles avaient vécu leur rêve...

Certaines, rattrapées par des clients, des serveurs ou des passants, ont réintégré trop vite leur placard ou leur lave-vaisselle. Mais désormais elle garderont la nostalgie mordante de cette envolée, l’orgueil de savoir qu’elles ont connu l’inconnaissable, et l’espoir tenace de pouvoir un jour, recommencer. Et alors, qui sait...

Claire, elle aussi, a récupéré une des tasses fugueuses. Avec un haussement d’épaules, elle constate que “c’est une des fêlées”. Elle l’a signalée vingt fois au patron, qui a dit  vingt fois : “je vais la jeter”, et l’a rangée à nouveau dans le bas du placard avec ses sœurs éclopées. Cette fois, elle ne réintégrera pas son étagère. Claire l’empoche ; elle la gardera en souvenir.

Rentrée chez elle, elle colle sur la tasse une étiquette sur laquelle elle a écrit en lettres vertes “Tasse volante. Durée du vol : 40 secondes le 21 février 2002. Marseille”. A sa fille qui la questionne elle répond en riant : “c’est une tasse magique. Quand elle est fatiguée de la terre, elle s’envole !”. Camille a rit aussi mais, à moitié convaincue, elle surveille la tasse. De temps en temps, cachée derrière le mur, elle l’épie depuis l’entrée de la salle à manger. Parfois aussi, en passant, elle lui murmure

- Patience, peut-être bientôt il y aura encore un grand coup de vent, et alors...

Quelques semaines plus tard, la fillette joue tranquillement dans sa chambre, Claire fait la vaisselle. Le vent s’est levé depuis une heure et gagne en force, tirant des vitres des grincements sinistres. En étrillant une assiette, Claire peste contre ses propriétaires restés sourds à ses nombreuses demandes de réparation. Soudain, une rafale plus forte que les autres ouvre brutalement une des fenêtres de la salle à manger et c’est la panique, les portes et les vitres claquent, Claire fonce et rattrape au vol une lettre éprise de liberté, récupère un vase dont l’eau arrose généreusement ses jambes et le plancher, referme les fenêtres à coups de poings rageurs. Bilan : un mort, un petit cochon de plâtre dont seule subsiste la bouille hilare au milieu d’un tas de poudre rose.
Camille, accourue pour l’aider, s’active avec la serpillière, la pelle et la balayette, redresse un bibelot, puis regagne sagement sa chambre en attendant que s’apaise l’orage intérieur.

Cela ne tarde pas. Claire vient l’embrasser en la remerciant de son aide, et lui propose un jus de fruit pendant qu’elle-même prendra un thé pour se détendre.

En arrivant dans la salle à manger Camille jette, par réflexe, un coup d’œil au buffet et s’écrie :

- Maman, la tasse ! Elle s’est envolée comme tu l’avais dit !

- Quoi ? Comment ça elle s’est envolée ?

- Mais oui regarde, la tasse magique, elle n’est plus là !

Il faut bien se rendre à l’évidence, la place est vide. Rien par terre, ni sous les meubles voisins.  Claire rouvre précautionneusement la fenêtre et scrute la rue. Rien.  Mais elle veut en avoir le cœur net et descend vérifier.

Lorsqu’elle remonte, perplexe, elle doit bien avouer à sa fille qu’elle n’a rien trouvé. Pas le moindre débris d’un bout à l’autre de la rue.

- Super ! -  s”écrie la fillette en sautant de plaisir - Elle a réussi, elle a réussi !

*******

Dans le parc voisin, au creux d’un buisson, la tasse repose, intacte. Folle de joie du succès de sa deuxième tentative, elle se prépare, en attendant avec confiance la prochaine rafale. Et cette fois, elle ne redescendra pas.

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  • parce que j'aime lire et écrire et que, comme je l'ai découvert grâce aux ateliers d'écriture, c'est plus drôle à plusieurs. Parce que c'est passionnant de partager ce que l'on aime (ou pas) avec d'autres et de créer ainsi des liens.
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