Jérémiades ou arcs en ciel
Aujourd’hui j’ai envie de vous livrer tout simplement la succession des événements qui ont ponctué pour moi la matinée. J’en ai tiré plus d’une leçon, vous en ferez ce que vous voudrez.
Au lever, donc, j’allume la radio pour écouter les « informations ». Je me force à le faire, en fait, car à de rares exceptions près je n’appelle pas cela de l’information, encore moins « objective » et le parti pris négatif me hérisse. Mais il faut bien se tenir au courant, ne serait-ce que pour partager, à ma mesure, ce que vivent d’autres, ailleurs. Que se passe-t-il donc aujourd’hui sur la planète ? Incendies, vraisemblablement criminels. Meurtres. Soulèvements de population avec des violences qui vont probablement empirer, sur fond de gaspillage éhonté des ressources, et lutte de pouvoir de ceux qui devraient tenter de s’allier pour trouver des solutions. Double langage et décisions aberrantes des acteurs politiques et économiques. J’en passe. De quoi bien débuter la journée dans la colère impuissante et l’écœurement.
Puis, dans les textes de la liturgie du jour (que j’aurais dû lire AVANT d’ouvrir la radio, je le sais mais j’oublie trop souvent les priorités), le récit dans lequel Dieu donne au peuple d’Israël qui erre dans le désert, sans patrie, le pays de Canaan. Il le leur dit clairement « je vous le donne ». Les éclaireurs reviennent émerveillés de sa beauté et de sa fertilité, mais pétris de trouille à voir sa puissance et la stature gigantesque de ses habitants. Et comme d’habitude le peuple se met à crier, à se lamenter : à quoi ça sert de leur avoir fait miroiter cette merveille si c’est pour qu’ils meurent en essayant de la conquérir, parce que c’est exactement ce qui va leur arriver, ils vont se faire décimer, écrabouiller, etc. « Le peuple gémit toute la nuit ». Excédé Dieu finit par leur dire : « Je vous traiterai selon les paroles même que je vous ai entendu prononcer» Et de fait, ils n’entreront pas dans ce pays, la plupart mourront dans le désert.
3e acte, visite sur internet à mes blogs favoris pour me réconforter. Et sous la plume inspirée de Kelet Coconut (qui, j’espère, ne m’en voudra pas de lui « piquer » sa prose) je lis :
« Je voulais vous faire partager une phrase piquée dans "Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de pomme de terre" :
"Je n'ai aucune envie de me marier. Passer le reste du temps avec un être à qui je n'aurais rien à dire ou, pire, avec qui je ne pourrais pas partager de silences ?"
J'ai eu un large sourire en lisant cette phrase. D'habitude, je souris seulement et mes voisins de quai, de train et de métro commencent à être habitués mais là, c'était un sourire plus large, un sourire du Cheshire - région célèbre pour ses sourires félins extrêmement volatils -, de ces sourires qui naissent tout seuls et ne s'évanouissent lentement dans l'atmosphère qu'après avoir contaminé tous ceux qui sont autour, ou en tous cas essayé.
Et c'est ce que je nous souhaite à toutes et tous : un bon gros virus que personne n'attendait. Pas celui de la grippe, celui là, on essaie bien de nous le vendre comme le nouveau croquemitaine mais bon, un vrai cauchemar se distille subtilement et là, c'est à coup de massue qu'on l'assène, alors ça ne prend pas.
Ce que j'offre au monde entier, à chaque individu, chaque cellule d'êtres vivants sur la planète et, pourquoi pas, à chaque planète autour, c'est le virus du sourire. Mais pas le gentil petit sourire un peu niais qui ne sait pas trop à qui s'adresser ni pourquoi il est là, non, un franc bon gros sourire de jubilation, celui qui fait naître des vibrations puissantes, énergiques dans tout l'organisme, celui qui fait naître du plus petit point d'eau -même le tout petit filet d'eau pas très propre qui coule sur le trottoir- un magnifique arc-en-ciel, bref le robin des bois des sourires, qui pique sans vergogne à la morosité pour donner à la joie »
Epilogue, en rangeant (une fois de plus) ma bibliothèque, je feuillette « au hasard » les livres avant de les classer et dans « Petits dialogues d’hier et d’aujourd’hui » (Aubier, 1991, l’un des livres-rédigés par Gitta Mallasz en complément à son « Dialogue avec l’ange » (Aubier, 1990 pour l’édition intégrale) je trouve p.80, le chapitre « Jérémiades ou plénitude » A mon tour de piquer des phrases pour vous les partager
« A Budaliget je m’en souviens (dit Gitta à l’Ange), chaque fois que j’arrosais mes paroles de belles larmes, tu étais – j’utilise là un mot un peu trop humain – dégoûté. Aujourd’hui c’est à mon tour de me bagarrer contre la négativité complaisante, (…). Les jérémiades de la négativité prennent de nos jours une ampleur considérable (…) le chœur des lamentations (tout s’écroule, tout est pourri, tout va mal, tout meurt…) devient de plus en plus nourri, (relayé par) les médias avec leur goût quasi obsessionnel pour le négatif. (…)oui tout meurt, mais écoute bien :
« : Le monde nouveau crie vers vous, afin de pouvoir naître.
Le monde a soif – en vous la source
Le monde hurle – en vous le silence
Le monde pleure – en vous le seul baume
(…)
Au-dessus des lois, la grâce
Au-dessus du gémissement, le sourire »
Jérémiades ou plénitude, les deux possibilités sont en nous (…) à nous de ne pas l’oublier.
Merci à Kelet d’avoir une fois de plus été source et baume pour tous ceux qui la liront, à commencer par moi.
Je vous souhaite une journée pleine de sourires et d’arcs en ciel
Et pour finir, je vous recommande le site dont ce dernier dessin fait partie http://www.angaleo.org/fr/page/sourires/36.aspx.